Université d’été de Bamako : Faire de la culture le socle du développement
Un pays ou un continent peut-t-il se développer en faisant fi de la culture ? Cette question récurrente, depuis le 3 août 2009, est au centre de la première édition de l’Université d’été de Bamako qui prendra fin le 5 août 2009. Sous la houlette de l’entreprise culturelle «Balani’s», des personnalités de la culture malienne, ont été conviées à une réflexion sur la place de la culture dans le développement d’un pays.
Le 3 août 2009, la salle feu Fodé Kouyaté du Centre international de conférence de Bamako (CICB), a été le point de convergence des hommes et femmes de culture du Mali. Des anciens ministres, des cadres du ministère de la culture, des administrateurs culturels, des opérateurs culturels et des journalistes, tous étaient au rendez-vous pour prendre part aux travaux de la première université d’été de Bamako consacrée à la culture. Pour cette première édition, l’entreprise culturelle «Balani’s» a ouvert la réflexion sur le lien entre la culture et le développement de l’Afrique.
En sa qualité de Président de la cérémonie d’ouverture, Al Hady Koïta, secrétaire général du ministère de la culture, a indiqué que le département en charge de la culture se réjouit de l’initiative de «Balani’s», dans la mesure où elle traduit la volonté de créer un espace de dialogue et de concertation autour de la culture, dont la dimension dans les politiques de développement ne semble pas avoir été suffisamment prise en compte. «Or, aucun projet de développement ne peut faire l’impasse sur les paramètres contextuels, y compris les paramètres culturels sans lesquels rien de solide ni de durable ne peut être bâti», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le développement économique pour qu’il soit viable, doit reposer autant sur des bases matérielles solides que sur une bonne consistance intérieure, c’est-à-dire des données culturelles qui l’informent et l’orientent de l’intérieur.
«La relation entre l’économie et le culturel ne doit pas être perçue en termes d’opposition, mais plutôt de complémentarité», a-t-il conclu. Al Hady Koïta venait ainsi d’ouvrir une session de trois jours de réflexions sur la place de la culture dans le développement de l’Afrique, notamment du Mali. Sous la modération du journaliste Adam Thiam, ancien porte parole du Président de la Commission de l’Union Africaine, Adama Samassékou, secrétaire exécutif de l’académie Africaine des langues et Ismaïla Samba Traoré, écrivain et éditeur, ont entretenu les participants sur le thème de la renaissance culturelle Africaine.
Dans sa communication sur «la renaissance africaine : une mise en perspective à partir du Mali», Ismaïla Samba Traoré, sans oublier toutes les luttes de la décolonisation, dira que l’Afrique est en renaissance depuis 1960. Il a indiqué que le repositionnement de certains pays du continent en direction des pays soviétiques, perçu comme des actes de rupture, sont autant d’actes de renaissance. Mais, il dira que le Mali avec son potentiel culturel dont la valeur est admise partout en Afrique peut être un tremplin pour cette renaissance. Mais, selon lui, la grande problématique est l’usage que fait le Mali de son patrimoine envié au-delà de ses frontières.
Convaincu que l’échec de l’Afrique est dû à l’absence de réflexion stratégique endogène, il a estimé que l’expertise de la diaspora sera un atout pour le continent demain. Pour sa part, Adama Samassékou a présenté l’académie Africaine des langues comme le levier pour la renaissance africaine. Selon lui, parler de la renaissance Africaine, c’est construire une habitude mentale de rupture d’avec les préjugés et garantir une présence Africaine dans le monde. «Il n’y aura pas de renaissance Africaine sans les Etats-Unis d’Afrique», a-t-il déclaré. Convaincu que la renaissance africaine est synonyme de la refondation globale de l’Afrique, Adama Samassékou a estimé que le moment est arrivé pour consacrer les grandes ruptures épistémologiques.
Et pour cela, il a estimé que le développement et l’intégration de l’Afrique ne sauraient se faire sans la prise en compte des langues Africaines. Le deuxième panel animé par Mamadou Bani Diallo, Samuel Sidibé et Aminata Dramane Traoré et modéré par Sidiki N’Fa Konaté, a levé le voile sur la fonction de la culture dans un monde en crise.
Assane Koné
Le Républicain, est seul responsable du contenu de cet article Le 04/08/2009